Qu'est ce que le bonheur? A mes yeux, le bonheur consiste en le chemin le plus simple pour chaque chose, mais il a le malheur d'être parasité par les bactéries humaines. Eh oui, c'est à en croire que la société est le fruit et le poison du bonheur, puisque les rencontres et l'amitié forment le bonheur qui est détruit par la présence des autres, ces autres qui nous pourrissent tant l'existence! Pourquoi ai-je l'impression qu'avec le temps, la putrissure de notre population, notamment de notre jeunesse, ne fait que s'accroître?

N'ayant d'autre endroit d'éducation que le 93, et faisant encore partie de cette assez pathétique génération de ceux qu'on apelle les "jeunes", ou 'djeuns" pour parler "çaisfran", je suis un spectateur privilégié de la décadence affollante de notre jeunesse.

J'ai eu ce matin le prototype des énergumènes que je hais spécialement, et pour qui seul le mépris peut émaner de moi: une jeune femme d'une vingtaine d'années, qui entre dans le métro à grand coup de gosier d'une élégance déconcertante: " oh s'y vas, dépêchez vous putain!"; "sa mère, on a fait des affaires trop ienb aujourd'hui chez h&m et tout..." , et la conversation, dont j'ai le bonheur de vous annoncer que le sujet n'a pas décollé à un niveau plus spirituel, continua de plus belle, et toujours dans les fréquences les moins élevées de notre ouïe, pour notre bonheur, culture et intérêt à tous.

Autant vous dire qu'heureusement pour elles, j'étais trop blasée, et trop hâppée dans mes penssées pour dénicher une réplique choc qui leur clouerait enfin le bec. C'est dans ces courts moments, d'une exposition un peu trop virulente de la déchéance d'esprit, que le lecteur mp3 fait une entrée en scène magistale, et prend le plus au sérieux sont rôle de sauveteur de nous autres ovnis de la société moderne.

Je suis actuellement plongée dans la lecture des petits poëmes en prose (spleen de paris) de Charles Baudelaire, et je dois avouer que ce n'est pas sans une pointe de sadisme que j'apprécie cet ouvrage qui, bien que datant de plus d'un siècle, exprime tout à fait les impressions ressenties par des personnes anciennement optimistes déçues par la générale médiocrité de la plupart des gens qui forment l'envionnement de leur vie. Il exprime la rêverie presque naïves où nous nous laissons entraîner, la sensibilité mêlée à un réalisme cynique mais magnifique, le tout avec un humour gras voire noir qui n'enlèvre rien à la poésie des petites historiettes qu'il narre ici. Ce livre me donne une image bien humaine d'un homme que je croyais, après la lecture des fleurs du mal, plongé dans une sorte d'atrophie noirâtre de déprime, mais qui en fait n'est que l'un des nôtres. Un homme déchu, qui se sent hors de la majorité.

Voilà donc un homme hautement plus apte à exprimer ce que je ressens quant aux gens, à la société et à la vie en général. Je vous y renvoie donc.

Tout ça pour encore une fois clamer que les gens me dégoûtent, me déracinent d'une éventuelle identité naturelle (l'humanité) et me désolent chaque jour un peu plus. Le seul réconfort que je trouve dans l'idée de la prolifération de cette espèce déjà dominante d'hydrocéphales, c'est qu'ils donnent aux gens intélligents une dignité référentielle inestimable, et que plus matériellement, ça me rassure en terme d'emploi de me retrouver devant tant de gens stupides et inélégants... Il y a un bon côté à tout... :D