> vendredi 30 mars 2007
quand tout se met à changer...
Par nat, vendredi 30 mars 2007 à 22:38 :: Coté Obscur
Je traverse en se moment une phase de questionnement. En général j'aime ces phases, car elles permettent de se retrouver avec soi-même, et de faire le point sur ce qu'on ressent, ses aspirations, ses doutes, ses déceptions, ses peines, ses joies: bref, tout. Mais cette fois-ci le constat est doux-amer: alors que du côté des études tout va bien (hors mis le fait que je sois plus qu'en retard dans mes démarches de recherche de stage) et que j'envisage d'intégrer une des écoles que je m'étais fixée comme objectif il y a deux ans en entamant mes études de communication, du côté de la vie privée, bien que rien n'aille mal, rien ne va tout à fait bien.
Alors que je devrais me réjouir du fait que toutes les personnes de mon entourage vont bien et sont relativement épanoies, l'égoïsme dont nous faisont constamment preuve vient prendre le dessus. En effet, j'ai récemment assisté à un exode urbain de tous mes amis de la capitale: Cem en décembre, puis Serena fin février et enfin Raphaël, que j'ai le grand regret de ne pas avoir vu avant son départ, mais ce n'est pas faute de l'avoir sollicité, du moins dans la deuxième partie du mois. D'un autre côté, Vincent vient de revenir d'Irlande, mais il est toujours soit à Angers, soit en Bretagne, ce qui n'est qu'un rapprochement relatif, et Stéphane va se faire muter en région parisienne pour l'année scolaire prochaine, et entamer une carrière qu'on lui souhaite belle et passionnante. Bref, aucune catastrophe car ils sont tous partis dans de bonnes conditions: que ce soit pour retourner à l'école de cuisine, pour intégrer la brigade du fameux Martinez ou pour éviter le service militaire obligatoire et vagabonder de plus belle à travers l'Europe, mes amis sont tous heureux, ou ont du moins des raisons de l'être.
Ceci dit, je ne parviens pas à m'empêcher de penser à moi, qui me retrouve seule, du moins pour quelques mois, à Paris. J'exagère évidemment quand je dis seule, puisqu'il me reste quelques amis sur Paris, et bien entendu mon copain, mais un copain ne remplace pas une bande d'amis, car ils ne satisfont pas du tout la même tendresse, la même complicité, bref, le même besoin. J'ai perdu en l'espace de quelques mois, la bande de variés lurons avec qui j'envahissais les clubs de jazz pour endiabler la piste de danse ou simplement me plonger méditativement dans les douces mélodies du saxophone.
Léonard, mon ami brésilien part dans quelques jours pour son mois de vacances dans son pays natal, et je vais commencer ce printemps dans le travail et la solitude. Comme le dis souvent mon copain, je suis une associale très sociable : ce n'est pas faute de vouloir me faire des amis que je ne m'en fais pas, c'est juste qu'étant donné que 95% de la population est soit conne, soit inintéressante, soit malhonnête, ça ne laisse que 5% de gens intéressants; faut-il encore les trouver, ou leur parler quand l'occasion se présente...
Voilà pour les changements qui me tracassent. Vous me direz sans doute qu'il ne s'agit que d'une petite histoire de géographie, mais c'est plus que celà en fait: il s'agit de l'ébranlement de mes repères, de mes habitudes. Alors qu'avant, quand je descendais à Lyon, je pouvais voir Stéphane, et ainsi courrir après le plus bel été qu'il m'ait été permit de vivre, à vagabonder insouciamment en compagnie d'un bon ami, et à vraiment vivre au jour le jour. Quand j'étais sur paris, je pouvais aller à montmartre voir Raphaël, ou à chatelêt passer voir Serena. Désormais, quand je me rend dans ces rues qui rapellent tant de moments, je ne vois que le recensement de souvenirs désormais impalpables; comme les vestiges d'une vie que je ne trouverais plus. Des souvenirs pourtant bien anodins, mais qui sont justement précieux car ils sont constitutif de la nature même de l'amitié qui nous lie; une série de petits riens qui font un grand tout. Ce sentiment de vide me rappelle le petit pincement au coeur que je ressens à chaque fois que je quitte un appartement ou une maison que j'ai habité. Bien que n'y sois pas forcemment resté longtemps, c'est comme si l'on changeait de peau. On se sépare encore une fois d'un environnement qui recellait de mémoire, bonne ou mauvaise, mais bel et bien à nous, donc unique.
Bref, j'ai l'impression de voir tout changer à une vitesse qui me dépasse et me rend impuissante. Bien entendu, l'on doit accepter le cours des choses, leur évolution, mais il est parfois cruel de voir à quel point ces choses se coordonnent autour de vous, faisant ainsi se juxtaposer des périodes très noires suivies de périodes très claires. ça vient sans doute de l'âge qui avance de façon exponentielle. Le plus amusant dans tout ça, c'est le fait que je ne sois pas si malheureuse que ça de tous ces changement, ou du moins pas autant que je ne l'aurais cru; je le vis plutôt bien, et c'est peut être bien justement ça que je n'arrive pas à avaler. Qui sait, la nature humaine est si complexe.