A l'époque où ce slogan faisait rage, je rigolais un peu comme ça, sans raison. J'avais évidemment vu des gens bourrés, et les effets très peu flatteurs que peuvent avoir l'excès d'alcool sur un être humain, mais c'est tout à fait différent quand on le vit soi-même.

Eh oui, je l'avoue, même si je soutiens volontiers haut et fort des concepts épicuriens, je dois avouer que je n'arrive pas à me "contraindre" à un laisser aller total. C'est la raison pour laquelle on peut sans exagérer m'accuser d'être une "grande gueule, petite bite". Mais quand on passe son temps à faire un travail qu'on ne supporte pas, qu'on considère chaque jour plus rabaissant et, sans vouloir parraître orgueilleuse, indigne de soi, ou du moins, sur une longue durée, on commence à relativiser, à réfléchir à ce qu'on veut faire sur le moment, de façon presque impulsive, et on se résout à s'y tenir, peu importe à quel point cette action est stupide ou démesurée. C'est ainsi que ma seule envie dimanche soir, après un service de merde où j'ai encore porté l'étiquette de la Cosette de service, qui fait le boulot de deux à prix réduit, j'ai apellé un ami et mon copain pour aller boire des verres dans notre repère low cost but fun du coin. C'est à la Belette que nous avons attérit. Cette fois, pas de pintes de belette (la bière du bar) à n'en plus finir, mais de la bonne bière rousse, puis une série de shooters de vodkas aromatisées. C'est vraiment un délice, mais boire tout ça à jeun après des jours de travail, c'est pas une super idée. Résultat, petit à petit je sens que l'illarité vire au malaise, à la nausée. Puis je sens que je vais vomir, alors, vaillamment, je me dirige vers les toilettes, en espérant ne pas tomber sur les genoux ou la tables des gens assis sur le chemin. Heureusement j'atteins les toilettes et parviens à y délivrer mon colis luisant...

Une fois revenue, je ne me sentais pas tellement mieux. Le barman s'inquiète, et je me souviens lui avoir certifié que j'allais bien, malgré une série de propos plus incohérants les uns que les autres. Je me demande comment il a fait pour ne pas exploser de rire. Bref, on part pour manger un mc do comme d'habitude pour éponger tout ça, mais l'envie m'était, bizarrement, passée. Les odeurs et la chaleur m'indisposaient, alors je suis sortie prendre l'air. Là, deuxième édition de vomi. J'ai désespérement tenté de vomir dans un sac en papier qui se trouvait par terre, mais ça l'a traversé. Tant pis, ils nettoiront, c'est pas comme si j'étais la première personne à vomir dans la rue. Mes amis me rejoignent, inquiets, alors que moi je cherchais justement à me faire le plus petit possible. J'avoue que l'on a beau dire ce qu'on veut, je ne compte absolument pas recommencer cette erreure. J'ai très mal vécu le fait d'être bourrée à ce point, et surtout, d'être si dégoûtante. Vomir de partout, ne pas réussir à parler, c'est une perte totale de sa dignité (je ne dis pas ça pour les autres, mais je n'ai pas supporté cette perte de contrôle de moi-même, ainsi que l'image que ça donnait de moi) que je ne veux jamais revivre ça. L'hillarité n'était pas au rendez-vous : cette envie de vomir ne me lâchait pas d'une semelle, et j'étais constamment en train de tenter de la maîtriser, en vain. Je préfère l'euphorie simple de quelques verres, ça c'est vraiment le plaisir sans soucis.

Bref, on part du mc do, et on prend le métro pour rentrer, et là, troisième édition, mais je tentais encore de me contenir : j'ai mis mes mains devant la bouche pour que personne ne remarque, mais j'ai vraiment dû horrifier tout le monde dans le wagon, moi la première. D'ailleurs, je me souviens que le gamin qui était sur le strapontin en face de moi était tellement flippé qu'il est sorti en courant à la première station où nous nous sommes arrêtés. J'en ris encore aujoud'hui. J'étais très gênée par la situation, mais je n'avais pas perdu mon sens de l'humour pour autant, et j'imaginais voir cette situation d'un regard extérieur. Je sais qu'il n'y a rien de dramatique à ce qui m'est arrivé, d'autant plus que j'ai même pas eu la gueule de bois le lendemain, j'ai même été travailler le matin. Ceci dit, ça m'a vraiment permit de savoir que je ne veux pas être bourrée à ce point, que ce n'est pas du tout agréable et qu'en plus ça embarasse les gens autour de soi. J'ai remarqué les délicates attentions de mes amis qui ont tout fait pour me faire dédramatiser, et moins me prendre la tête sur le moment et je les remercie pour ça. Je n'ai jamais été bourrée au point d'en oublier les événements, et j'espères sincèrement ne jamais en arriver là, car si j'ai déjà du mal à encaisser la cuite avec vomi, j'ose même pas imaginer comment je réagirais si j'oubliais ce que j'avais fait. J'espère qu'une certaine personne que je connais ne prendra pas ça mal (je suis sûre qu'elle n'est pas assez conne pour ça). Je tiens à souligner que j'exprime ici un point de vue totalement subjectif et que je ne vise personne à mal dans ce que je dis (une fois n'est pas coutume ;) ).

Mais il faut savoir remonter à cheval après être tombé, c'est pourquoi nous avons généreusement pris un pot lyonnais de vin le lendemain soir au resto avec mon copain...