Il est de ces jours où l'on se prend à rêver au gré d'une belle mélodie. Cette mélodie inspire l'imaginaire, vous berce et vous entraîne dans des souvenirs. Je me suis mise à rêver ce soir, dans la pénombre de mon appartement, à pleins de petits moments insignifiants et pourtant si indispensables pour moi. Et oui, j'ai la présomption de penser parfois que ma vie n'est pas si futile, petite, sans valeur. Je suis sûre que vous avez déjà expérimenté de tels instants, où l'on se dit que finalement, ces petits moments que forment la vie de l'Homme lambda, nous autres anonymes, méritent autant d'être racontés au monde, à qui veut bien le lire, que ceux de Kurt Cobain, Diana ou encore Napoléon III. Pourquoi faut-il être connu pour avoir de l'importance?

Cette douce évasion lyrique a étincelé alors qu'une musique du "Seigneur des Anneaux" où Enya fait une apparition. Il faut savoir que petite fille, j'ai eu un gros coup de coeur pour Enya, dont la musique ma parraissait enchanteresse, et capable de susciter des émotions quasi irréelles. Et parfois je me surprend à vouloir replonger dans son univers féerique, peut être par mélancolie. Et c'est justement la mélancolie qui s'est emparée de moi et qui m'a plongée dans les abysse de lointains souvenirs. J'ai été frappé par la nature des souvenirs que j'ai cherché à me remémorer: ce ne sont que de brefs instants, presque impalpables, et pas du tout officiels; des moments qui normalement ne sont pas forcement mémorisés, mais d'une telle simplicité, emprunts d'un bonheur régulier et précieux, qui vaut plus que les artifices de certains bonheurs prévisibles. J'étais en quête de sincérité, de spontanéité enfantine.

Parmi les moments qui me sont revenus, il y avait de tous, de tout, et toutes les périodes de ma vie. Pour chercher plus loin, je pensais aux endroits où j'ai vécu, aux gens que j'ai connu, à des parfums, des sensations ou encore des sons qui ont impreigné ma mémoire sans que je ne m'en doute. Et c'est là que des vacances avec une amie d'enfance à Pléneuf val andré me sont revenus, suivis de mon premier cours d'équitation à Boissy, puis du jardin de la maison en Angleterre, de la douce expression du visage de Sue, le jour où je suis tombée en moto avec papa, les après midis passées à faire des aller-retours dans le jardin en Bretagne, suivie des chatons, le jour où j'ai quitté la gare de Rennes, Emilie me regardant sur le quai, le jour où j'ai dansé sur scène pour la St Loup, le voyage en Auvergne, le pique-nique avec Emilie sur la plage au bord de la route pour aller à Landrelec, maman qui me coiffe le matin dans la cuisine à Boissy, la vallé du Perrier, les rigolades avec Emilie au lycée, les jeux dans la cour d'école en maternelle à Hign Lane, les couchers de soleil vue de la chambre à Kermoroc'h, les soirées à Bardos, maman et moi qui marchons sur l'avenue à Denia, la première fois que j'ai levé les yeux sur la verrière du musée d'Orsay, la première fois que j'ai vu marsu, les séances de spiritisme avec Gaël et Anaïs, SMN, mes après-midi à jouer du Yann Tiersen sur le synthé de Ghis, les tomates de la serre près de la vallée, les baignades dans les cascades au Pays-Basque, le chaulage des murs de ma chambre, le gravy de Sue et le gigot de mamie, ma professeure de CM1 qui m'explique les divisions, le fest-noz du Cap Fréhel, l'odeur des bougies tout juste éteintes, l'odeur de vieilli au retour des vacances...

Voilà un bref échantillon de mes vagabondages dans le temps. Preuve qu'il n'est nul besoins d'une machine pour se plonger dans le passé, seul suffit des conditions optimale, un brin de mélancolie et un mémoire bien remplie. A qui le tour? ;)