Alors que je me trouvais au caveau de la Huchette, à St Michel, club de jazz qui ne paye pas de mine de l'extérieur mais qui s'avère être en fait un club d'une rare qualité, accompagnée de Serena et de Raphaël, mes compères de l'école culinaire à Lyon, et compagnons de jazz, la piste de danse ne désemplit pas, pour mon plus grand bonheur. Voir des gens simples danser, s'amuser tout en respectant la solennité de l'art, m'a profondément émue. Je ne trouve rien de plus fascinant que l'ambiance presque bucolique qui règne dans les bons clubs de jazz. La fumée de cigarette embaume l'air et accentue l'air déjà mystérieux prêté au décor par le côté souterrain et les vieilles pierres voutées, les banquettes de cuire rouge et les petites tables de bois sont usées par le défilement sans fin des convives, et les musiciens, tout droit sortis des années 50, s'appliquent à jouer de l'authentique jazz sans l'aide d'effet lumineux.

Bien que la conversation avec mes amis ne manquait pas d'inspiration, je me suis retrouvée omnubilée par les va-et-vient et la précision des danseurs, dont les pieds se positionnaient avec une précision inconsciente alors qu'ils ne prenaient jamais de pause. C'est aussi le plaisir discret qui semblait enflammer le coeur et le corps de ces personnes qui fait chaud au coeur. Etant donné mon grand goût pour la danse, je ne peux que partager leur plaisir.

C'est après pas mal de vin (rouge sur blanc, tout fou l'c...) qu'un homme à la bedaine généreuse mais à l'habit soigné m'invita à danser. Je dois avouer que je crevais d'envie d'aller danser, mais que n'étant pas du tout initiée au swing (sauf quand j'étais petite avec mon père) et n'ayant à disposition que Raphaël qui d'une n'aime pas de danser, et de deux trouve le swing ringard, je me voyais mal aller me dénicher un cavalier comme je le ferais dans une situation où la danse m'est plus familière. Ceci dit, j'ai prévenu de mon ignorance en la matière au cavalier, qui n'y a pas vu un problème et m'a proposé de s'entrainer cinq minutes dans la salle en retrait. C'est donc ce que nous avons fait, et quelques minutes plus tard, nous nous lançions sur la piste. On m'a complimenté sur ma performance pourtant pas tout à fait contrôlée, mais je dois dire qu'à force d'observer les autres danseurs en début de soirée, je ne me lançais pas tout à fait à tatons.

Bref, un moment sympathique qui n'a pas manqué de me rapeller mes début en danse bretonne. Je me suis aussi dit que les cours de danse proposés au caveau de la huchette étaient sans doute des cours de swing entre autres, et que je venais de me payer un cours gratiuit au bras d'un initié. Que demande le peuple?