Nous savons tous que les épopées des transports pendulaires ne nous réservent que peu de ces petites évasions agréables. Nous sommes bien plus habitués au boulet puant sur le strapontin voisin ; au vieux merdeux qui bave en s??imaginant vos loches sous votre tee-shirt et qui ne s??en cache pas, au contraire ; au sdf qui vous réclame après un laïus interminable et rébarbatif qu??il souhaite une petite pièce ou un ticket restaurant (comme si on était assez stupide pour lui filer l??équivalent de huit euros à manger, on est pas Cresus non plus) et même un sourire, ça coûte rien non mais ! bref, on connaît tous la chanson jouée par le rachitique roumain avec son accordéon, et franchement, on en a plein les fesses de cette mélodie. Mais enfin, qui a dit que Paris est invivable à long terme ? C??est super ! De belles garces méprisantes partout, qui ne peuvent se pavaner que dans du D&G, le café à 2?50, le ciné à 9? , Les grosses mamas black qui se poussent pas dans le métro et qui monopolisent l??attention, le bonjour inexistant des commerçant? Non franchement, Paris c??est le paradis! City of love, laissez moi rire... Au moins on ne peut pas nier qu??il y a de quoi accroître son caractère et son esprit critique (vous savez ce que tout les parents inéfficaces accusent l??école de ne plus enseigner au enfants), sans compter l??inspiration que ça offre aux artistes.

  • Le bras de fer

L??habitacle est bien rempli et vu le monde qui attend devant la porte encore fermée, va y avoir du serrage de fesses dans l??air. Bref,une petite dame toute propre sur elle (style qu'on pourrait qualifier d'irréprochable) est debout et se tient à la barre du milieu. Les gens entrent, ça se sert, mais elle ne veut absolument pas lacher la barre, comme s??il y avait un tremblement de terre ou quelque chose de ce genre. Ainsi, les gens s??entassent vers l??entrée du wagon, mais l??arrière reste assez dégagé à cause de ce bras qui bloque le passage. Une famille entre et la mère veut passer de l??autre coté du fichu bras de la dame;elle luis dit donc poliment et gentiment qu??elle aimerait passer. L??autre, mordicus, elle lâche pas, pendant bien trente secondes, jusqu??à ce qu??elle se résigne à le faire (attention, on notait à l??expression de sa tête à claque qu??elle venait d??être énormement dérangée) en commençant de surcroît à faire une leçon de savoir vivre à la jeune mère de famille ( !) comme quoi elle aurait pu demander s??il vous plait madame. Moi je pensais « MORT DE RIRE mais elle hallucine à dire aux gens comment être poli, alors que si elle avait un tant soit peu de savoir vivre elle-même, d??office, elle aurait retiré son bras ! » Franchement, j??étais là à me mordre la langue pour pas intervenir, tentant de rester concentrée sur mon bouquin, en vain.

Et c??est là que la pensée parisienne m??est venue : attends avant de t??introduire dans cette histoire ; d??une, cette mère que tu veut soutenir pourrait très bien te faire un truc du même genre demain, et te prendre la tête. De deux, tu risques de galérer dans un débat de sourds et à encore te prendre la tête pour une personne qui n??aura pas la maturité de se remettre en question. Conclusion, lâches l??affaire !

C??est évidemment ce que j??ai fait, tout en affichant mon opinion avec ce rictus qui nous est si familier, mi-moqueur mi-blasé.Si je m'étais laisser aller à mon comportement impulsif, au bout de la troisième réitération de la scène, je lui aurais révélé ma vraie nature (comme dans les mangas, les transformeurs) et mes bras auraient quintuplé de volume, j??aurais pris un mètre de hauteur et ma voix se serait teintée d??une intonation diabolique pour pouvoir l??attraper par le col, lui faire chier dans son froc en jouant le justicier des opprimés bien élevés, de sorte qu??elle arrête d'emmerder son monde une fois pour toutes ; écoute grognasse, tu croyais qu??on dirait jamais rien, que par ta grande sagesse et ton infinie bienséance, tu propagerait des leçon de moral tout en n??en ayant aucune toi-même, eh bien saches que ce jour est terminé, qu??aujourd??hui, on a décidé de se rebiffer, d??enfin déballer les tas d??insultes qu??on contenait sagement, par savoir vivre, et que si tu recommences, tu te mangeras tellement de claque en une minute que tu feras trois tour dans ton slip sans toucher l??élastique ok ?!

Bien entendu, je ne faisais que rêver cette scène, un petit sourire timide aux lèvres, jusqu??à ce que je laisse couler, et que je replonge dans mon bouquin, pour éviter de les voir tous ces écervelés agaçants et ces pervers, et oublier le vacarme des wagons de l??avant guerre et des messages sonores (très utiles) dans les stations, qui, soit dit en passant, n??accroissent pas du tout la tendance déjà inquiétante de la population citadine à la paranoïa et la méfiance. Bonne initiative ce plan vigipirate où l??on ne fait que voir des militaires se balader, désinvoltes, dans les gares armés de mitraillettes enclenchées se méfier des personnes les plus suspectes (personnes de couleur, à barbe, gothiques, teuffeurs, sdf ?) pour notre sécurité à tous, bien entendu .

  • Le banc de touristes migrateurs

Le cas de figure classique : tu es du genre à avancer vite pour vite en finir avec l??épisode quotidien du métro. Tu es de ceux qui ne supportent pas trop l??humanité, un mysantrope comme on n??en fait plus assez de nos jours et qui distribuerait volontiers une paire de claques à droite à gauche si c??était permis. Tu es de ceux qui font toujours attention au autres et qui subissent l??égoïsme des autres. Tu es de ceux qui ont décidé d??être sans pitié pour pouvoir remonter la tête de l??eau. Tu sors du wagon que tu avais calculé comme étant celui qui s??ouvre devant le tunnel de la correspondance, histoire de pas avoir trop de parasites sur le chemin, mais bam, une famille de touriste se retrouve sur ton chemin, au pas d??escargot, à bloquer le tunnel d??un bout à l??autre, et la cerise sur la gâteau, ils ne comprennent pas le français, donc, tu peux dire pardon, ils t??entendent pas. Obligé de bouriner ou d??attendre comme un con de voir passer le métro sous ton nez à cause de gens qui n'ont pas la présence d??esprit de se dire que certaines personnes ne sont pas comme elles à flâner nonchalemment dans ces couloirs puants, mais qu??ils ont des impératifs et des objectifs à mener à bien rapidement.

  • Les parasites d??escalators

Dans le même esprit il y a les gens qui s??arrêtent sur les escalators (comme si il y aurait des animations sur la montée, comme un train fantôme ou quelque chose) et qui ne se serrent pas à droite. Ils se mettent deux de front, à papoter en ne tenant absolument pas compte des personnes qui s??entassent derrière.

  • La mollesse des villes

De plus, j??ai toujours trouvé que ces personnes sont pitoyablement moles. Ils passent leur temps dans des bureaux, leur affreuses 35h les accablant pendant la semaine, sans compter les arrivées en retard le matin (ah bah oui, y'avait du trafic dans le métro et un suicide par-dessus le marché, j??y suis pour rien...) les pause déjeuner de deux heures, les pauses café clope, les congés payés, le 13ème mois, les tickets restos, msn pendant les heures de bureau, les pages insolites du web à envoyer à tous ses contacts (c??est vrai, il faut que vous voyiez ça, c??est trop drôle !) ; après il y a le métro, où ils cherchent absolument à s??asseoir, même si il y a du monde qui s??entasse dans l??habitacle, les escalators pour les aider à monter ou à descendre, les ascenseurs, les portes à ouverture automatique, les kits main libre? Tout efforts est anéanti, ils vont finir atrophiés à 40 ans à force de rien faire de leur vie. Mais à part ça, il trottinent pathétiquement pendant une demi heure le dimanche matin, fagotés comme des clowns, histoire de se donner bonne conscience, et de se convaincre que leur ??sport?? dominical les tient en bonne forme. C??est beau la vie en ville!? :)