> vendredi 11 août 2006
Le revers de la médaille
Par nat, vendredi 11 août 2006 à 00:42 :: Coté Clair
Il y a des moments dans la vie où l'on est plus clairvoyants que d'ordinaire; je parle de ces moments où la vie ne vous réserve pas que des cadeaux, bien au contraire. Votre quotidien est fade, votre quotidien vous blase et manque de joie, de liberté et de couleurs, et seules l'inertie accablante du travail rythme vos gestes et vous pousse à vous lever le matin. C'est dans ce lugubre tableau que vient briller l'étincelle de la beauté. C'est lorsque votre vision est troublée par votre tristesse, votre mélancolie et votre malheur que la simplicité de la vie s'offre à vous, et que les petites joies toutes innocentes et bénines, et pourtant vitales, refont surface avec la splendeur du renouveau.
C'est donc dans la brume du malheur que la clarté se fait. Non pas l'ordinaire clarté qui se présente à tous et n'a qu'une valeur minime. Non. Une clarté bien plus précieuse et rare, bien plus riche en émotion et en sagesse. Je parle de la révélation que nous offre le malheur, et le relativisme qu'il crée en nous; cette révélation qui rend belles les choses que l'on considérait comme acquises, ou que l'on ne considérait même peut-être plus. Ces simples plaisirs de la vie qui guide chaque peuple, quelqu'en soit l'origine ou la culture, depuis la nuit des siècles. Un enfant qui découvre le fonctionnement des choses, le crissement des feuilles sous le souffle du vent, la danse de la surface de l'eau qui se dérobe en courbes infinies, la simple présence d'une personne chère, la plénitude de se sentir aimé et le bonheur de pouvoir aimer quelqu'un réellement, la chance de vivre dans des conditions honnêtes et dans un pays en paix, entrevoir les hanches d'un homme qui attrape un objet en hauteur, ou la cuisse d'une femme qui passe une jambe sur l'autre, les gouttes de pluie sur son visage, ou une brise fraiche soulevant les cheveux un jour d'été.
Tous ces plaisirs si courants et ignorés et pourtant si importants. Ce sont justement ceux que la personne dépréssive et suicidaire ne sait plus reconnaitre, ce qui la pousse justement à n'avoir rien à quoi se raccrocher dans la vie. Car la vie, la vraie, c'est ça: les plaisirs simples du quotidien. Il ne faut pas se leurer à croire, ou à se laisser croire que le bonheur c'est l'extraordinaire. L'extraordinaire n'est que le fruit de beaucoup de choses ordinaires qui s'enchaînent bien. Et le bonheur est fait d'une série de petits bonheurs fréquents et simples: de la bonne bouffe, un nid douillet, la santé et la bonne compagnie.
Pourquoi ne cherche-t-on pas plus à optimiser ces plaisirs accessibles plutôt que de courir après des châteaux en espagne?.... Heureusement, le malheur est là pour nous rapeller que le bonheur existe.
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