Ah qu'il est blasant le temps du stage. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai bel et bien l'impression que la vie est à la fois un mystère de chaque jour, et une répétition inlassable de schémas précis. En été 2004, j'effectuais mon premier stage, en tant que commis de salle, dans la brasserie qui m'aura donné la vision la plus noire de la vie qu'il m'est été donné de voir jusqu'ici, et aujourd'hui, bien que le stage que je commence cette semaine est dans ma branche, que je suis la stagiaire la plus active et à laquelle on donne le plus de responsablités, donc d'expériences, je me retrouve, au bout de seulement quatre jours, déjà lassée. Bien entendu, j'ai très envie de continuer à découvrir de nouvelles façette du métier, et les défis ne manquent pas de me plaire, mais il y a tellement d'autres choses qui me rapellent chaque jour que quoique l'on fasse et où que l'on soit, les conneries de la vie, et sa monotomnie ne sont jamais tout à fait abssents.

Alors, je sais, je suis particulièrement critique, mais franchement, je pense que si l'on regarde la vie avec un tant soit peu de recul, on voit vite les choses qui nous ramènent au banal, au trivial, à l'ennuyeux. Premier élément : la routine. Mon dieu la routine. Tous les matins, le verre de jus de fruit après avoir donné à manger au chat, puis survol de l'actualité (car un journaliste doit être au courant de ce qui se passe dans le monde, même si la rédaction à laquelle il contribue ne traite absolument pas d'actualité...) puis se préparer, préparer le sac, le casse-croûte. Les transports en commun, toujours aussi réjoissant, surtout quand on prend une heure en bus pour faire un trajet de quinze minutes en voiture... Puis, on arrive au boulot, on dit bonjour à tout le monde sans grande conviction (voir à contre coeur parfois), sa tâper le sermont du patron et les civilités avec les collègues, attendre qu'heure après heure, le temps passe pour reprendre ce fucking bus (qui selon le moment de la journée est tantôt une corvée, tantôt une délectation ;) ) et finalement rentrer chez soi pour préparer la journée qui suit, préparer à bouffer et faire deux trois courses, mater un film et finir mort. L'assommant portrait de ma journée ne fait que souligner ma thèse : chaque jour la même merde, chaque jour très peu de temps pour soi, pour vraiment se détendre et se vider la tête. Le week end devient la chose la plus chère qui soit. Pas question de faire quelque chose, au contraire, le moins on en fait, le mieux on se porte.

Voilà à quoi me réduit ce boulot, à une machine à bosser et une boule de stress et de désabus. Mais pourquoi l'orgueuil dans tout ça? J'y viens.

Mon patron, un black très gentil, mais surtout très bavard (pire que maman, qui l'eut cru ;) ) me raconte chaque jour un épisode de sa vie (au point que je me demande si je ne devrais pas mettre à profit toutes ses heures passées à l'écouter pour écrire sa biographie) et étale son expérience, ce qui à première vue ne me dérange pas, puisque son expérience peut me profiter. Mais quand ça commence à devenir redondant, c'est très très vite lourd, et c'est là qu'on commence à se poser des questions : il cherche à me convaincre ou à se convaincre qu'il est très fort, et que son magazine tient debout, et je dirais même, est un véritable succès et un modèle à suivre!? Aujourd'hui, j'ai vraiment eu envie de lui dire d'arrêter de me bourrer le mous, que j'en ai rien à foutre de son magazine, que je suis là pour mon expérience professionnelle et pas pour son salut (en bonne libérale que je suis), et qu'il a pas besoins de faire une pub interne de son magazine. Certes le magazine tient bon, certes, c'est relativement sérieux, mais pour moi, un magazine dont on ne voit jamais les salariés, qui s'appuie presque à 100% sur pigistes et stagiaires, et qu'il n'y a pas d'autre hierarchie que le directeur de publication, la secrétaire et les stagiaire (du moins, dans les locaux où je me rend tous les jours) je me dis qu'il y a quand même des entreprises mieux portantes et surtout plus sérieux que le nôtre. Pendant que certains journaux s'évertuent à donner des directives claires à leur rédaction, leur indiquant ce qu'ils veulent et sous quelle forme (il y a de nombreuses formes d'articles qui ont chacune leur mission et leur spécialités), nous nous contentons de traiter les communiqués de presse qu'on nous envois, de jouer sur nos contacts (certes nombreux et sérieux) et de chercher au gré du vent un sujet à traiter, toujours sur un ton relativement amateuriste et monocorde. Un éditorial qui reprend les grands points du sommaire et remercie les lecteurs de leur fidélité est pour moi une farce, surtout quand on m'a apprit que l'éditorial est supposé reprendre un des grands sujets traités dans le numéro et mener une réfléxion logique dessus selon le point de vue de la rédaction et du journal. De plus, il ne cesse de répéter à tout va que son magazine est impartial, qu'il ne favorise pas la culture africaine, mais bizarrement, les plus grands articles traitent de l'art et de la société africaine, ou des émigrés africains. Et cerise sur la gâteau : pour quatre stagiaires, il n'y a que trois bureaux dont deux très biens (ordi connecté au net, joli espace de travail, lumière) et un minable (exigus, sur tréteaux, pas connecté au net et dans le noir), et le reste d'un espace sympathique complètement vide.

J'ai donc l'impression qu'il y un amas de ridicule autour de moi, et sans doute autour de beaucoup de gens, qui s'évertue à amener des situations plus incroyables les unes que les autres. Entre ce stage qui accueil plus de stagiaires qu'il peut techniquement le faire, et les examens où les gens téléphones, font des blagues, chantent et applaudissent les plus grandes débilités scandées, je ne peux pas que la convention a la main mise sur ma vie. Enfin, je me réconforte en me disant que je ne vais galérer que pour deux mois, que je vais en sortir beaucoup plus expérimentée et bien plus mature (à force de devoir téléphoner au gens, passer à la radio, interviewer des personnes, on apprend à s'affirmer et à moins redouter les situation un peu relou du quotidien), donc, je ne vais pas y perdre.

J'achève ici cette complainte de blasée et de minable stagiaire exploitée pour m'en retournée à ma bière (et vous souhaite d'en faire autant).