Pour les personnes qui vivent dans des agglomérations suffisemment importantes, vous saurez que le jour de passage des "encombrants" est un jour où l'on a l'occasion de récupérer toutes sortes d'objets insolites et/ou utiles. Evidemment, c'est le soir précédant le passage du camion des encombrants qu'il faut partir à cette chasse au trésor du 21ème siècle. Amusant de constater que même à l'ère de l'Internet, des nouvelles technologies, de l'instantanéité des transactions et des mondes virtuels, on en est encore réduits à partir à l'affut d'objets usés, rejettés dans la rue après une longue vie de bons et loyaux services. Biffins non marchants, pauvres infortunés ou urluberlus en quête d'insolite, chacun part à la recherche du petit objet qui va illuminer sa soirée et va venir garnir la déco de l'appart ou du balcon, ou le caddie où l'on rassemble l'ensemble de ses possessions, selon les cas. A mi-chemin entre le vide grenier et le Moyen-âge, cette pratique de la récup' urbaine me fascine. Si l'on prend le temps d'y réfléchir, on peut se dire que c'est une des pratiques qui rassemblent autour d'elles des personnes de toutes les catégories sociales, du SDF à la riche héritière. Motivés par différents besoins, ils partent en quête d'objets gratuits, cédant à une atteinte aux normes de bienséances traditionnelles, au risque d'une humiliation que seuls les citadins peuvent se permettre, ou presque, d'assumer. Il y a en effet deux raisons pour lesquelles on ne voit jamais ce genre de scènes dans les petites villes de province : d'une, les "encombrants" sont beaucoup plus rares car les gens s'en débarassent dans les décheteries. De deux, étant donné le fait que tous se connaissent plus ou moins les uns les autres directement ou indirectement, il serait plus compromettant de se faire voir en train de récupérer les "déchets" des autres.

Voilà donc une activité urbaine qui me plait, une fois n'est pas coutume. Il s'avère que nous nous sommes adonnés avec mon coapain à cette activité clandestine il y a quelques soirs. Je remarque que je suis toujours attirée par des objets imposants tirés du logis, et que je les imagines toujours réincarnés totalement en dehors de leur fonction prescrite première. J'ai ainsi déniché une échelle de lit supperposé de fortune, à laquelle il manque une "marche", et un pan de fenêtre en chêne, encore munie de ses carreaux. Je ne sais pas encore où ces objets vont finir, mais je pense me servir de l'échelle sur ma terrasse (peut être y faire grimper une plante?) et accrocher la fenêtre à l'horizontal dans mon salon, et peut être en faire une série de cadres ou d'ardoises. C'est un vrai plaisir que d'aller dénicher des objets gratuits, de leur faire un brin de toilette et de leur redonner une deuxième vie complètement différente de la première, inserant ainsi une touche d'originalité bon marché à son appart'.

Rendez-vous pour le prochain passage des "encombrants" dans votre quartier.:D