> jeudi 11 mai 2006

les mal-baisé(e)s de Paris

C'est un des grands plaisirs parisiens: pourir la vie de ses voisins: vous n'avez pas mis votre poubelle dans le bon bac! Vous faites trop de bruit, mes enfants ne peuvent pas dormir! Votre vélo est gênant dans le hall. Savez vous qu'il y a une fuite qui vient de chez vous? Vous utilisez trop d'eau par rapport aux autres, vous payerez donc plus cher vos charges etc etc.

C'est le quotidien des emmerdeurs dont la vie est tellement insignifiante qu'ils ne trouvent de satisfaction qu'à se mêler de celle des autres, en observant toute la journée durant par leur fenêtre, avec la télé pour musique d'ambiance ("j'aime tellement avoir la voix de michel drucker dans les oreilles"), les gens passer, les fenêtres d'en face ("qui sait, si j'arrive à voir mes voisins d'en face faire l'amour j'aurais gagné ma journée, je pourrais bien ragoter la prochaine fois que je vois les copines!!!") ou les locataires de l'immeuble aller et venir. Et dès qu'une occasion se présente pour les faire chier, ils volent sonner à votre porte pour vous faire remarquer à quelle point vous êtes incivils et détestables.

J'étais l'autre soir chez une amie italienne qui vient d'emménager dans un 30 m² à hôtel de ville. Autant dire que c'est le pied, surtout que compte tenu de ce qu'elle a, c'est pas très cher. Il faut savoir que Serena, mon amie, est une jeune femme de bonne famille qui a été éduquée à l'ancienne et qui est donc très traditionnelle voire limite vieux jeu sous certains angles. Elle travaille comme pâtissière dans un restaurant huppé de St Michel, et a donc des horaires décallés, ainsi que sa collocataire qui est cuisto dans un autres restaurant haut de gamme. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec les horaires d'une cuisine, en gros c'est 8h00 - 15h, la coupure, puis 18h - 23h voire plus tard en cas de gros services ou de banquets. Bref, elle rentre tard, et donc fait le minimum vital de bruit quand elle rentre (jusqu'ici les skate boards volants c'est que dans retour vers le futur et les méthodes de téléportations ne sont pas encore au goût du jour) mais vous serez d'accord pour dire qu'elle ne correspond pas au stéréotype de l'étudiant turbulant, fêtard et insouciant.

Depuis leur arrivée dans cet appart, c'est à dire un mois, leur voisine du dessous (trentenaire à peine, qui vit avec son copain) est venue quatre fois sonner pour se plaindre du bruit. J'ai vécu avec Serena pendant 3 mois, je peux vous dire qu'il n'y a pas de grande différence entre vivre avec sa mère et vivre avec Serena (attention, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas, je l'aime bien comme elle est), donc le coup du bruit, je ne peux pas me résoudre à y croire. Et l'autre soir, elle m'a invité à sa cremaillère, un samedi soir à partir de 22h. Bien entendu, il y avait une majorité d'italiens, plus quelques autres personnes toutes nationalités confondues. La musique allait "fort" dans la deuxième salle, afin que nous ayions une ambiance de fond dans la salle où nous nous trouvions, et nous parlions comme de jeunes adultes parlent, sans être bourrés ou chahuteurs. Certes les italiens parlent fort, mais est-ce pire que les français qui se bourrent la gueule et se mettent à chanter à tu-tête des chansons à boire et des vieux tubes?

Tout à coup, les flics débarquent à sa porte pour leur faire part de la plainte des voisins pour tappage nocturne, sachant qu'il était 1h du mat un samedi soir. Elles, étant italiennes et n'étant pas bilingue au point de connaitre nos termes juridiques, ne comprennent pas tout de suite, et sont très impréssionnés par ces messieurs, qui ne se privent pas d'en jouer pour monter le ton et proliférer des menaces, avec un bon accent de bourrin pour en ajouter à la sauce. Notons au passage qu'il a fait deux ou trois allusions moqueuses liées à leur nationalité que personnellement j'aurais pas toléré (ça n'étonnera personne). Je ne suis pas ici en train de jouer du stéréotype du flic que personne n'aime, d'autant plus que je suis pas fan fan des anti flics, mais juste en train de souligner le côté hallucinant de la situation.

Le tappage n'a pas été constaté par eux chez la voisine du dessous, le bruit n'était pas exessif, et personne n'a même cherché à aller parler avec la plaignante qui commence radicalement à pêter les c..... Finalement, elles n'ont eu qu'un avertissement, mais ça me dépasse comment les flics agissent sans vérifier l'état réel de la situation. J'ai su après le départ des policiers, que la voisine du dessous leur avait avoué qu'ils avaient enlevé l'isolation pour refaire apparaitre les poutres, sachant qu'ils sont propriétaires du logement, et sont donc conscient et responsables de cette situation de problème d'isolation. Bien entendu, Serena se gardera bien de rendre à cette chieuse ce qu'elle mérite, c'est à dire une bonne vieille vengeance à la oeil pour oeil, dent pour dent. J'ai suggéré qu'elle fasse pêter la musique pendant ses coupure et ses week end, aux heures légales, afin de les avoir à l'usure et de pouvoir ensuite négocier une paix accomodante pour les deux partis. Mais elle est sans doute plus diplomate, tolérante et bonne pomme que moi, ce qui explique qu'elle ne fera rien du tout, qu'elle continuera à se laisser emmerder, à ne vivre qu'à moitié chez elle.

C'est triste quand même d'en être réduit à ça entre gens civilisés. Si cette conne préfère avoir un bel appart mal insonorisé qu'un appart moins "cachet" mais insonorisé, c'est à elle d'en assumer les conséquences. Mais c'est une chose qu'on n'aime pas faire ici en France, assumer ses actes et ses paroles. C'est tellement plus facile de rejetter la faute sur les autres, quitte à passer pour un connard. Bonjour tristesse comme dirait Françoise Sagan...

la décadence parisienne

Avez-vous déjà remarqué à quel point les parisiens craignent la pluie? Si la moindre petite gouttelette de pluie a le malheur de leur tomber dessus, c'est le drame. Je trouve ça relativement amusant quand on pense que l'élément qui nous permet d'avoir de la vie sur cette planète c'est l'eau, et que nous sommes constitués de 90% d'eau. Mais même sans ça, il est quand même pas dramatique de se prendre quelques gouttes sur les épaules; que ce soit un costard ou un gilet, aucun ne sera ruiné par quelques gouttes. Pour ce qui est du maquillage, c'est pas le drame non plus, faut pas exagérer. J'hallucine quand je vois des filles rentrer à nouveau dans le supermarché duquel elles viennent de sortir, voyant de la pluie et se trouvant donc "dans l'obligation" d'acheter un parapluie parce qu'elles ont oublié de prendre celui qui les attend à la maison!

Franchement, les pluies acides c'est pas toutes les semaines, et c'est pas pour l'humidité que ça fout sur les fringues, et l'air un peu pauvret que ça nous donne que la terre s'arrête de tourner. Que d'artificiel dans nos sociétés!

Dans le style de choses absurdes aussi que l'on trouve dans cette ville décadente, c'est les nains de jardins sur les balcons. Mais si, vous savez, c'est le concept du nain de béton. Faut bien urbaniser le concept, ya pas de raison que les espaces verts s'approprient le truc, non mais!

Bref, je ne cesserais jamais de voir du n'importe quoi en boîte ici. Vous me direz, c'est le genre de chose qui, du fait qu'elles vous font marrer, vous aident à mieux vivre cette ville.

une métonymie bien effrayante

Avez vous déjà vu quelque chose de hideux, qui le soit au point de vous donner une nosée, un malêtre tel que vous vous sentez sur le point de vomir? Je ne parle pas du dégoût que l'on peu avoir d'un comportement obsène, ou d'une idée qui déplait. Je vous parle d'une chose qui vous dégoûte par le fait même de son existence, par ce qu'elle représente à une échelle plus générale. Je reformule: avez-vous déjà vu quelque chose d'aussi hideux qu'un bébé obèse?

Eh bien, je dois avouer que je me croyais immunisée: les clodos en sale état, les vieux qui refoulent, une couche assez vieille; rien, rien ne me perturbais spécialement, rien ne me donnait cette impression que l'on retrouve pourtant tellement à la télé d'avoir envie de vomir de dégoût. Et il m'a suffit d'une chose aussi propre, aussi innocente et aussi "normale" qu'une bébé atteint de surpoids pour me donner cette sensation!

Je ne suis pas fière de moi, je vous rassure, mais en même temps, c'est tellement spontané et irréfléchi! Et puis, je pense que c'est pas vraiment l'obésité qui m'a posé problème, mais bien le fait que ce soit un bébé! Je pense, après coup, que ce qui m'a choqué, c'est l'idée que l'obésité n'est plus du tout ce handicap qui touche plus les états unis que les européens, comme on peut se le figurer lâchement, mais bien une caractéristique qui risque bel et bien de nous toucher de plus en plus.

Alors, je vous arrête tout de suite, ce que je dis n'est absolument pas une critique au deuxième degré du fast food, et de son symbole, le mc do. Je suis moi même une cliente assez régulière du mc do, et je n'en suis pas pour autant préoccupée pour mon poids, l'essentiel c'est de pas y aller tout les jours et de varier. Mais je ne suis pas plus ici pour critiquer la mondialisation que pour vous donner un cours de nutrition; vous êtes assez grand pour vous en occuper seuls.

Bref, ce bébé était comme un représentant particulièrement perturbant de cette tendance; puisqu'un bébé est généralement associé à tout ce qu'il y a de mignon et de beau, ce qui était loin d'être le cas ici. Voyant la mère qui était certes ronde, mais certainement pas obèse, je n'ai pu conclure qu'à la malnutrition. C'est dingue de voir qu'il y a des gens qui réussissent en toute conscience à nourrir leur bébé d'une façon aussi déplorable! Ce bébé est pour moi la métonymie d'une génération d'obèses qui va intégrer notre société, et devenir ainsi un miroir assez culpabilisant de la perte de nos traditions alimentaires, et du bon sens tout simplement! ça touche aussi au problème de l'éducation en l'occurence: c'est de l'ordre de l'irresponsabilité un tel laxisme.

En somme, vous l'aurez compris, le bébé je l'ai pas avalé, et encore moins ce à quoi il m'a fait réfléchir.

vortex