J'adore ce mode de vie que nous inflige Paris. Vous qui venez de la province et qui avez la malchance de vous retrouver à vivre à Paris, n'avez-vous pas remarqué la menace constante que l'on ressent dans cette ville? Je ne suis pas ici en train d'encourager cette attitude paranoïaque que je hais tant. Non, je parle d'une autre peur: pas une peur d'une bombe, d'un viol ou d'un attentat, mais plutôt, de cette vigilence que nous adoptons inconsciemment lorsque qu'on est dans les rues de la capitale. Je parle de cette sorte de non tranquilité que l'on recent à force de se faire demander de l'argent dans la rue, de voir des malades à chaque coin de rue, ou de se ballader dans des quartiers si délabrés qu'on se croirait plus à calcutta qu'en France, à Paris, city of love; laissez-moi rire!

Certains me répondraient que c'est la même galère dans toutes les villes. Moi qui ai vécu à Lyon l'année précédant mon arrivée à Paris, je peux vous assurer que ce sentiment ne me hantais pas du tout là bas. Au contraire, je m'y sentais très bien, très en sécurité (sauf bien sûr dans les quartiers les plus défavorisés et les cités, toutes les villes en ont, mais pas forcement au coeur même de la ville comme dans la capitale). Bien entendu, il y avait des mandiants, et bien entendu certaines personnes étranges arpentaient les rues, mais c'était à la mesure de chaque ville en France, une minorité. Même dans la petite ville de Guingamp, en Bretagne, où j'ai vécu beaucoup d'années, il y en avait. Mais à Paris, ils sont tellement nombreux qu'ils se permettent beaucoup plus qu'ailleurs, et que leurs discours (d'ailleurs tous similaires) nous trotte toujours quelque part dans la tête.

Quelques cas concrets pour illustrer:

On marchait de chez moi au métro avec mon copain, "tranquiles", quand une femme s'approche de nous. La première pensée qui nous est venue à l'esprit, c'est qu'il s'agissait d'une femme qui allait nous demander de l'argent, d'autant plus que de plus en plus de personnes qui mandient ne sont pas loqueteuses et sales comme nous avons l'habitude de nous le figurer. Au contraire, certaines sont même très propres sur elles. Bref, cette femme qui nous accostât ne voulais qu'un simple renseigement! C'est pour dire comment l'approche que nous avons par rapport aux gens ici diffère de la province, où, d'après moi, les gens qui vous abordent ne vous inspirent pas immédiatement de la méfiance, sauf si, bien entendu ils ont vraiment l'air bizarre.

autre cas: en allant faire mes courses, je marchais pas loin de chez moi, quand je vis un homme au loin qui ne cessait de se retourner vers mon côté, mais vu la distance et le contexte, il pouvait très bien regarder quelqu'un d'autre, ou tout simplement quelque chose au loin. Mais malgré ce doute, je me suis tout de suite méfiée, l'observant discrètement, et me rapprochant, puisqu'il était là où je me dirigeait, tentant de voir si c'était moi qu'il regardait ou pas. Eh bien, ça n'a pas loupé, c'était bien moi qu'il dévisageait sans pudeur, et pour couronner le tout, je me suis rendue compte qu'il s'agissait d'un handicapé mental. J'ai passé mon chemin, tout en gardant mes distances, et je me suis rendue compte qu'il entreprenait de me suivre, et, vu le rythme auquel j'ai l'habitude de marcher, je peux vous affirmer qu'il me suivait. Bref, j'ai mis les bouchées doubles et j'ai réussi au bout d'une certaines distance à le semer.

C'est donc de ça que je parlais au début; d'un incessant sentiment d'oppression qui est très usant.